Ein Kino sagt ab. Ein Festival sucht neue Räume. Und was wie eine kleine kulturpolitische Auseinandersetzung aussieht, entpuppt sich als Spiegel eines tieferliegenden Problems: Die schleichende Normalisierung von Antisemitismus in der kulturellen Linken – nicht brüllend, sondern konditional. Nicht aggressiv, sondern moralisch aufgeladen. Eine Analyse.
Un cinéma dit non. Un festival cherche de nouveaux lieux. Ce qui pourrait sembler une simple affaire culturelle locale révèle en réalité un problème bien plus profond : la normalisation rampante de l’antisémitisme dans certains milieux de gauche. Pas un antisémitisme bruyant, mais conditionnel. Pas violent, mais enveloppé dans des arguments moraux. Analyse.
(français en bas)
Im März fand die 14. Ausgabe des Geneva International Jewish Film Festival (GIJFF) statt – ein pluralistisches, nicht politisch gebundenes Festival, das jüdische Kultur in all ihrer Vielfalt durch Filme zugänglich macht. Als die Vorbereitungen für die 15. Ausgabe anliefen, wandten sich die Organisator*innen unter anderem an das Cinéma Bio in Carouge, um eine Zusammenarbeit zu prüfen.
Die Antwort des Direktors, Alfio Di Guardo, kam prompt – und wurde später öffentlich bekannt: Man lehne die Zusammenarbeit ab, da jüdische Kultur in Zeiten des Gaza-Krieges nicht ohne politische Bedeutung sei. Wörtlich: „Der Umgang der israelischen Regierung wirft einen dunklen Schatten auf alle Tugenden der jüdischen Kultur.“ Eine Absage also – nicht wegen des Programms, sondern wegen der vermuteten Identität.
Was folgte, war ein Sturm – allerdings ein leiser. Keine randalierenden Gruppen, keine Schmiereien. Sondern ein feingesponnenes, aber klares Muster: Antisemitismus, codiert. Kultur unter Vorbehalt. Sichtbarkeit nur gegen Distanzierung.
Struktureller Antisemitismus – ganz ohne Hass
Alfio Di Guardo ist kein Rechtsextremer. Seine Aussagen sind keine Tiraden. Er betont, dass er gegen Antisemitismus sei, dass er jüdische Filme gezeigt habe, dass er offen für Gespräche bleibe.
Und doch sind seine Worte symptomatisch. Denn sie zeigen, wie im linken, kulturbürgerlichen Umfeld Antisemitismus nicht verschwindet, sondern sich verlagert:
- Jüdische Kultur wird nicht abgelehnt – sondern politisch aufgeladen.
Ihre bloße Präsenz wird zur vermeintlichen Stellungnahme. Was bei keiner anderen Kultur der Fall ist – russische Musik, arabisches Theater, chinesischer Tanz –, gilt hier plötzlich: „Wenn ihr sichtbar seid, dann müsst ihr euch erklären.“ - Kulturelle Teilhabe wird an Gesinnung gebunden.
Der Festivalleitung wurde nahegelegt, sich von der israelischen Politik zu distanzieren, um wieder teilnahmefähig zu sein. Ein unausgesprochener Loyalitätstest. Wer sich nicht lossagt, verliert seinen Platz. - Der moralische Druck kommt nicht von rechts, sondern von innen.
Der Kinodirektor selbst gibt an, er wolle nicht Zielscheibe von Kritik sein, nicht als „Israelfreund“ gelten. Er befürchtet, was Dritte sagen könnten – und handelt vorauseilend. Es ist nicht der Hass, der steuert – es ist die Angst.
Wenn jüdische Kultur nützlich sein muss
Die Absage an das Festival erfolgte nicht wegen politischer Inhalte, sondern wegen der Angst, wie es gelesen werden könnte. Es geht nicht mehr darum, was jüdische Kultur ist, sondern was sie für andere bedeutet – oder befürchtet wird zu bedeuten.
Damit wird jüdische Kultur aus dem Raum der Selbstverständlichkeit verdrängt. Sie darf nicht einfach da sein. Sie muss etwas leisten. Sie muss entweder laut kritisch gegen Israel sein – oder ganz leise. Aber einfach unabhängig und frei? Das scheint zu viel verlangt.
So entsteht eine paradoxe Situation: Jüdische Kultur darf nur stattfinden, wenn sie nützlich ist – oder wenigstens harmlos.
Das Amalgam – und sein Preis
Die CICAD, die Koordinationsstelle gegen Antisemitismus in der Romandie, hat die Affäre öffentlich gemacht und eine juristische Prüfung angekündigt. In ihrer Stellungnahme benennt sie, was im Zentrum steht: Das Amalgam.
Die Vermischung von:
- jüdischer Identität und israelischer Staatsführung,
- Kulturarbeit und geopolitischer Verantwortung,
- Sichtbarkeit und Schuld.
Die Frage ist nicht nur: Darf ein Kino ein Festival ablehnen?
Die Frage ist: Warum wird jüdische Präsenz zum Politikum gemacht?
Und: Warum bleibt die Politik dazu weitgehend stumm?
Während in der Deutschschweiz Antisemitismus zunehmend benannt wird, bleibt es in der Romandie oft bei Schweigen – oder bei vermeintlich vermittelnden Stimmen, die beides „verstehen wollen“. Doch in dieser Symmetrie geht verloren, wer wirklich ausgegrenzt wird.
Ein Appell – und eine Erinnerung
Es braucht jetzt klare Worte und mutige Kulturinstitutionen, die sich nicht durch Stimmungen treiben lassen. Es braucht Politiker*innen, die verstehen, dass jüdisches Leben nicht unter Vorbehalt steht. Und es braucht eine Öffentlichkeit, die erkennt, dass jüdische Kultur nicht erklärungsbedürftig ist, sondern selbstverständlich.
Denn darum geht es:
Nicht um ein einzelnes Kino.
Nicht um eine Formulierung.
Sondern um die Frage, ob Jüdinnen und Juden in diesem Land sichtbar sein dürfen, ohne sich ständig rechtfertigen zu müssen.
Kulturarbeit ist kein Bonus.
Sie ist ein Menschenrecht.
Und jüdische Kultur ist ein Teil dieser Gesellschaft – nicht trotz Israel. Nicht wegen Israel. Sondern weil sie da ist.
Quand la culture juive doit se justifier
Un cinéma dit non. Un festival cherche de nouveaux lieux. Ce qui pourrait sembler une simple affaire culturelle locale révèle en réalité un problème bien plus profond : la normalisation rampante de l’antisémitisme dans certains milieux de gauche. Pas un antisémitisme bruyant, mais conditionnel. Pas violent, mais enveloppé dans des arguments moraux. Analyse.
En mars dernier, s’est tenue à Genève la 14e édition du Geneva International Jewish Film Festival (GIJFF) – un festival pluraliste, apolitique, qui célèbre la diversité des cultures juives à travers le cinéma. Dans les préparatifs de sa prochaine édition, les organisateurs ont contacté plusieurs cinémas, dont le Cinéma Bio à Carouge, pour envisager une collaboration.
La réponse du directeur, Alfio Di Guardo, a été rapide – et plus tard rendue publique. Il a refusé toute participation, en déclarant que montrer la culture juive, dans le contexte actuel de la guerre à Gaza, équivalait à « prendre position ». Et surtout, cette phrase :
« Le comportement des dirigeants israéliens jette un voile noir sur toutes les vertus de la culture juive. »
Un refus donc – non pour des raisons artistiques, mais à cause de l’identité supposée du festival.
Ce qui a suivi n’a pas été un scandale bruyant, mais plutôt une illustration exemplaire d’un mécanisme discret : l’antisémitisme codé. Une présence juive devenue problématique, sauf si elle s’explique, se distancie, se justifie.
Un antisémitisme structurel sans haine apparente
Alfio Di Guardo n’est pas un extrémiste. Il ne tient pas de propos haineux. Il affirme s’opposer à l’antisémitisme, avoir programmé des films juifs, vouloir dialoguer.
Et pourtant, ses déclarations révèlent un phénomène plus large – celui d’un antisémitisme qui ne nie pas, mais qui conditionne.
Dans certains milieux progressistes, il ne s’agit plus de haïr les Juifs – mais de soupçonner leur légitimité, sauf preuve du contraire.
- La culture juive n’est pas rejetée – mais suspectée.
Sa visibilité devient un acte politique. Ce qu’aucune autre culture ne subit – ni la culture russe, ni arabe, ni chinoise – est exigé ici : « Si vous êtes visibles, vous devez vous expliquer. » - L’accès à la scène culturelle devient conditionnel.
Il est demandé aux organisateurs du GIJFF de se distancier de la politique israélienne pour pouvoir être acceptés. C’est une sorte de test de loyauté idéologique. Qui ne s’exprime pas correctement, est exclu. - La peur remplace l’analyse.
Le directeur du cinéma explique ne pas vouloir être accusé de soutenir Israël. Il a peur des réactions. Ce n’est pas la haine qui guide ici, mais la crainte morale.
Une culture tolérée seulement si elle est utile
Le plus révélateur dans cette affaire : le festival n’a pas été écarté pour son contenu. Aucun film ne parlait de Gaza. Aucun soutien explicite à Israël. Le refus s’est fondé non pas sur ce que le festival montre – mais sur ce que d’autres pourraient y voir.
C’est le signe d’un glissement dangereux :
La culture juive n’est plus accueillie comme une voix indépendante, mais tolérée à condition d’être utile à une cause – ou au moins discrète.
Une culture n’a plus le droit d’être simplement présente. Elle doit performer : dénoncer, apaiser, servir. Sinon, elle dérange.
L’amalgame – et ses effets corrosifs
La CICAD (Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation) a pris la parole publiquement et envisage une plainte. Dans sa prise de position, elle nomme le cœur du problème : l’amalgame.
L’amalgame entre :
- judaïsme et politique israélienne,
- action culturelle et position diplomatique,
- visibilité juive et culpabilité collective.
La vraie question n’est donc pas : Un cinéma peut-il refuser un festival ?
Mais : Pourquoi la simple expression culturelle juive devient-elle un problème ?
Et : Pourquoi le silence de tant de responsables politiques ?
Alors que des voix s’élèvent en Suisse alémanique contre l’antisémitisme, la Suisse romande reste souvent silencieuse. Ou cherche à « équilibrer les points de vue », comme si la neutralité valait engagement.
Un appel – et une responsabilité collective
Il est temps que les institutions culturelles prennent position avec clarté.
Il est temps que la politique rappelle que la vie juive n’est pas conditionnelle.
Il est temps de dire que la culture juive n’a pas à s’excuser, ni à se justifier.
Car c’est bien cela l’enjeu :
Pas un festival.
Pas une phrase malheureuse.
Mais la question suivante :
Les Juifs en Suisse ont-ils le droit d’être visibles – sans avoir à se distancier de ce qu’on leur projette dessus ?
La culture n’est pas un privilège.
C’est un droit fondamental.
Et la culture juive fait pleinement partie de notre société –
ni malgré Israël. Ni à cause d’Israël. Mais parce qu’elle existe.
Quellen/Sources:
- watson.ch, 12. Juli 2025: Un cinéma genevois refuse de s’associer à un festival juif
https://www.watson.ch/fr/suisse/geneve/931222858 - Tribune de Genève, 15. Juli 2025: Festival de culture juive au Cinéma Bio: pression, amalgame et menaces
https://www.tdg.ch/festival-de-culture-juive-au-cinema-bio-pressions-amalgame-et-menaces-812613277692 - Stellungnahme der CICAD: Position officielle de la CICAD sur l’affaire du Cinéma Bio de Carouge, Juli 2025